ARSLA - Association pour la Recherche sur la Sclérose Latérale Amyotrophique et autres Maladies du Motoneurone

séjour au Centre médical Germaine Revel

Témoignage de Lydie Germain

Lucarnes sur des rubans de vie ... à Germaine Revel

Et voilà mon séjour au Centre médical Germaine Revel tire à sa fin. J’ai grandi.

Nonnnnnnnnnnnnnnnnn, je fais toujours 1,48 m malgré l’acharnement de ma kiné à vouloir m’étirer tous les jours. Bon, je ne lui en veux pas, elle a développé autre chose en moi, moins de raideur donc plus d’amplitude de mes membres inférieurs et supérieurs, périmètre de marche plus que doublé, entr’autre... Un sourire et une bonne humeur constante, des yeux bleus à faire craquer les hommes (si si, je les ai entendu parler, mais chutttttttttttt).

Il y a aussi mon ergo avec une efficacité hors norme, qui a du éplucher mon dossier avant de comprendre par quel bout commencer. Fermeté de son professionnaliste derrière un sourire enveloppé de douceur. Réalité de la situation, ne pas se berner puisque c’est mon fonctionnement, tout en n’allant pas trop vite non plus. Prévoir demain certes mais ne pas oublier qu’aujourd’hui est là. Le luxe : prendre son temps quand il est compté. J’étais contente de redécouvrir tous ces jeux d’éveil d'enfant, cubes à empiler, perles à trier, gommettes aimantées, un vrai bonheur quand on a toute la motricité de ses dix doigts. Et un coup de la main droite et un coup de la main gauche, et on recommence. Ouh là, pas gagnée l’affaire. Essais de fauteuils roulants électriques tout en prenant mes besoins et exigences en compte, intérieur, extérieur, ville, jardin, bref, tout en un. Après les pelouses ici, les essais continueront dans mon environnement.

Et puis, il y a eu aussi l’orthophoniste, pétillante, pleine d’énergie. J’ai appris le pourquoi des fausses routes aux liquides, le fonctionnement du cerveau dans ces cas là, les cordes vocales, pourquoi parfois je perds la parole, l’anatomie du gout, super intéressant pour mieux appréhender les problèmes de respiration et de déglutition. Des massages, préparations de la voix, détente, concentration et respiration avant mes représentations de théâtre, aides précieuses. Je parle mieux (pas moins, faut pas rêver).

La balnéo, deux fois par semaine avec Willy, le maître piscinier. A chaque pas dans l’eau je lui disais “Willy, je ne veux pas me noyer dans de l’eau froide. Vous avez oublier le chauffage du bassin”. Il me répondait de ne pas m’inquiéter qu’il plongerait avant pour me récupérer. N’empêche qu’il m’a fait découvrir des muscles, même pas je savais qu’ils existaient !!!! Tout ça sous prétexte que l’eau me porte. Pfffffff, en plus c’est vrai.

Les autres rdv, assistante sociale, psy, bilans médicaux, débats, conférences, et j’en passe ...

Finalement sept semaines bien remplies, mais là il faudrait que j'écrive un livre pour vous raconter.

Voilà, je passe mon dernier week-end ici.

Mes amis résidents les plus proches sont déjà partis. Déchirements après des promesses de se revoir ou de garder contacts. Bousculades dans les esprits, contents de rentrer mais aussi ce sentiment culpabilisant d’envie de rester encore un peu. Quitter le cocon protecteur de l’âme de Germaine Revel, retourner dans le monde “des valides”, ce monde qui a été si longtemps le notre dans une époque d’insouciance et qui malgré tout reste encore le notre, autrement.

Et puis un jour tout bascule.

Et me voilà ici. Sacré parcours qui est le mien et celui de tant d’autres.

Des croisées de rubans de vie ...

Je souris et je prends conscience de la chance que j’ai eu de rencontrer des personnages hauts en couleurs, des sourires, des rires, des fous-rires, un visage blotti vers l’autre pour soulager une crise de larmes incontrôlable, des doutes, des mots rassurants, un regard qui remplace les phrases, des maux, des inquiétudes, des espoirs, des soutiens, une main sur une épaule, des embrassades, des tempéraments différents, des caractères opposés, richesse de l’inconnu qu’est l’autre.

J’aurais tant à vous raconter sur mon séjour ici.

En tout cas, malgré un début remplis d'aprioris (mais qu'est-ce que je fais là ?), de doutes, d’interrogations, je me rends compte combien le temps passé ici était nécessaire. Séjour bien vécu grâce au personnel de l’établissement qui donne toute l’humanité à ce centre, un personnel non seulement hyper compétent mais ça va bien au delà de leur travail. Si le soleil renait en chacun de nous c’est bien grâce à eux. Je garde tant de couleurs, des arc-en-ciel pour chaque visage gravé en mon coeur.

Je suis bien fatiguée et l’appréhension du retour se précise chaque jour. Je prends conscience qu’il va falloir que je réorganise mon quotidien, prévoir des temps de repos obligatoires et nécessaires pour continuer à faire ce dont j’ai envie (au moins, j’ai compris ça).

Voilà, mes amis, les dernières nouvelles de mon séjour au centre médical de Germaine Revel.

Je rentre à la maison.

Lydie Germain "Nuage Bleu" 

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